Menaces et statuts

Menaces

Les facteurs de destruction directe

Principalement deux facteurs de destructions directes affectent le gypaète barbu, celui qui touche tous les rapaces nécrophages, c’est-à-dire le poison et celui concernant cette fois l’ensemble des grands rapaces, les lignes électriques. Le tir qui fut la principale cause de disparition de l’espèce, ne semble plus être une menace mais une vigilance doit être conservée notamment dans les Alpes ou des cas sont répertoriés. Mais ces menaces s’expriment différemment selon les massifs.
Les collisions contre les lignes électriques et les câbles de remontés mécaniques affectent indifféremment les gypaètes barbus adultes et les jeunes. La multiplicité des câbles présents dans les Alpes françaises constitue un facteur défavorable et potentiellement limitant pour le maintien d’une population de gypaètes barbus viable dans les Alpes (RAZIN, 2000). Des cas de mortalité par électrocution ont été recensés dans les Pyrénées espagnoles. Ce facteur est donc à prendre aussi en considération dans les Alpes.

Le poison et les intoxications semblent être des facteurs propres aux Pyrénées, mais ceci s’explique en partie par le fait que cette menace n’est pas surveillée de près dans les autres massifs. Avec le retour du Loup, ce risque doit être considéré comme potentiel dans les Alpes. Ceci, d’autant plus que des cas d’empoisonnement d’autres espèces ont été signalés

En Corse nous ne disposons que de peu d’informations sur les causes de mortalité. Les deux derniers cas avérés de tirs datent de fin 1991. Aucun cas d’empoisonnement et de collision n’est connu. Au moins six modifications de partenaires au sein des couples ont été notées durant les 10 dernières années, laissant suspecter autant de cas de mortalité en plus des cas présentés dans le tableau 3 (page 25). Pour ces six cas la cause de disparition est inconnue, les individus n’ayant pas été retrouvés.

Les facteurs de perturbation et de dégradation et perte des habitats

  • Les perturbations

Les gypaètes barbus peuvent se montrer très sensibles aux dérangements visuels et sonores, même à des distances importantes des nids. Le succès reproducteur des gypaètes barbus pyrénéens est corrélé à la fréquence des activités humaines pratiquées à proximité de leur territoire toute l’année (ARROYO et RAZIN, 2006).
Les survols aériens sont considérés comme une menace très importante. La chasse est potentiellement très perturbante puisqu’elle se déroule pendant l’installation du couple et la ponte. Sont autant de menaces s’ils sont proches du site de nidification, les travaux mécaniques bruyants, les skieurs hors piste, les escaladeurs, le vol libre et le parapente ainsi que l’écobuage surtout présent dans les Pyrénées.

  • Les dégradations et pertes d’habitats

Les aménagements et l’extension des activités humaines ont profondément modifié le milieu naturel et bouleversé l’équilibre des écosystèmes montagnards. Ceci a un impact sur l’ensemble du monde du vivant, des producteurs primaires jusqu’au Gypaète barbu, situé au sommet de la chaîne alimentaire et dont la présence implique celle de vastes étendues de reliefs, de pâturages et de nature préservée.
Dans les Alpes françaises, beaucoup de vallées ont basé leur économie sur le tourisme hivernal, impliquant l’extension des domaines skiables. On assiste également à l’extension de certaines infrastructures qui peuvent s’avérer potentiellement meurtrières pour les rapaces dont le Gypaète barbu (câbles de téléski, lignes électriques, câbles de système de déclenchement d’avalanche…).
Dans les Pyrénées, ce sont les Pyrénées-Atlantiques qui ont le plus souffert de changements, notamment dans la montagne basque ou de nouvelles pistes et des microcentrales électriques viennent stériliser les sites de reproduction historiques à un rythme régulier depuis 25 ans.

  • Insuffisance des ressources alimentaires

Les couples alpins et la majorité des couples pyrénéens bénéficient de populations d’ongulés sauvages. C’est en Corse et au Pays-Basque que le Gypaète barbu souffre le plus d’insuffisance des ressources alimentaires. En effet ces deux régions abritent peu d’ongulés sauvages (600 mouflons en Corse, moins de 100 cerfs et isards au Pays-Basque) et sont dépendantes de l’élevage et de la présence d’ovins ou de caprins (ou de leurs cadavres) à proximité des sites de reproduction en hiver.

  • L’isolement des populations

Une des principales menaces qui pèse sur l’espèce actuellement en Europe tient à la fragmentation et à l’isolement de ses populations. Autrefois, des échanges existaient entre ces populations : la population pyrénéenne était liée au sud à celles de la péninsule ibérique et d’Afrique du Nord. La population alpine s’étendait à l’est, jusqu’en Asie mineure par delà les Balkans et les Monts Rhodopes, et probablement au sud dans les Apennins, proches de la Corse et de la Sardaigne. Enfin les populations pyrénéenne et alpine étaient vraisemblablement reliées aussi par un corridor (Corbières, Cévennes et pré-Alpes).

La population insulaire de Corse est la plus menacée d’isolement actuellement. Les populations corse et pyrénéenne, de par leur isolement, semblent avoir développé des spécificités génétiques. Toutefois, les experts réunis en Septembre 2009 en Andalousie lors du colloque international Gypaète barbu, ont mis en évidence l’importance de favoriser les échanges entre les différentes populations même si cela pourra entraîner une modification à terme de cette spécificité génétique.

Statut de conservation

Au niveau mondial, le Gypaète barbu est classé en "Préoccupation mineure" (NT), sur Liste rouge mondiale de l’UICN (évaluation 2017).
A l’échelle européenne, d’après les critères définis par BirdLife International (TUCKER et HEATH, 1994), le Gypaète barbu est classé en catégorie SPEC 3 (Species Populations in European Category 3) qui regroupe les espèces dont les populations ne sont pas concentrées en Europe, mais dont le statut de conservation est défavorable pour les populations européennes.
L’espèce a été classée "Vulnérable" (VU), sur Liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2015).
En France, celle ci est classée ’’En danger’’ (EN), sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine (évaluation 2016) . Elle est classée dans la catégorie CMAP 1 qui regroupe les espèces présentes en France et menacées à l’échelle mondiale dont la Conservation Mérite une Attention Particulière de niveau 1.
Au niveau régional, le gypaète barbu est classé ’’En danger critique’’ (CR), sur la Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs du Languedoc Roussillon (évaluation 2015), de Midi-Pyrénées ( évaluation 2015) et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (évaluation 2013).
Evaluation de l’état de conservation selon les critères UICN

Malgré les efforts entrepris depuis plus de 10 ans en Europe de l’Ouest, l’espèce est toujours considérée selon les critères UICN comme "Menacée d’extinction".
L’évaluation pas massif est intéressante de part le contraste des situations. Dans les Pyrénées françaises la population est toujours considérée comme "Vulnérable", dans les Alpes françaises elle est toujours considérée comme "Gravement menacée d’extinction" et en Corse la population est considéré comme "Gravement menacée d’extinction".

L’état de conservation selon les critères de la directive "habitats, faune, flore" est classé "défavorable mauvais" c’est-à-dire la plus mauvaise des catégories.

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