Que doit-on retenir de cette nouvelle mortalité de Gypaète barbu sur une éolienne aux Pays Bas?

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Que doit-on retenir de cette nouvelle mortalité de Gypaète barbu sur une éolienne aux Pays Bas?

Les politiques incitatives, dont bénéficie l’industrie de l’énergie éolienne en France et désormais en Europe, qui visent à une substitution rapide aux énergies carbonées ont des impacts non négligeables sur la biodiversité et les paysages. La mort de ce dernier Gypaète en est une triste illustration !

Après la mort d’Angèle sur une éolienne dans la province de la Hollande-Septentrionale le 26 mai 2021, nous déplorons donc cette nouvelle mortalité.
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Angèle lors de sa prise en charge pour la réalisation de l’autopsie – mai 2021. © Hans Pohlmann

Que doit-on en retirer?

La planification à large échelle de développement et de l’exploitation de l’énergie éolienne ne doit pas se faire au détriment des enjeux de restauration et de sauvegarde de biodiversité.

Les territoires de présence du Gypaète barbu et des populations de vautours et autres grands rapaces : Alpes, Massif-Central, Pyrénées, Corse sont particulièrement exposés aux disparités des politiques et directives d’aménagement du territoire.

Une veille de tous les instants est nécessaire pour que les enjeux de restauration des espèces à fort enjeu puissent être pris en compte dans ces politiques.

Le contexte de déploiement des énergies renouvelables ne permet pas une planification éclairée et concertée. Des difficultés persistent voire augmentent pour prévenir les risques liés au développement des parcs éoliens français. En effet, la simplification et la réduction des procédures d’instruction des autorisations visent en réalité à permettre aux promoteurs d’accélérer l’implantation d’éoliennes (quel que soit la qualité environnementale des projets instruits) en favorisant l’accès au gisement éolien (quel qu’en soit les impacts sur la biodiversité).
Ainsi, sur différents territoires, les politiques incitatives privilégiées conduisent à négliger les domaines vitaux existants des espèces à fort enjeu :
• Accessibilité des zones agricoles ou naturelles => où toutes les autres constructions sont normalement interdites ou soumises à des règles précises.
• Discrétion des promesses de bail emphytéotique dont les droits cessibles par le promoteur éolien.
• Concertation préalable : limitée le plus souvent à des rencontres d’initiés à guichet fermé.
• Études préalables : phase bien souvent opaque pour le public, de la seule responsabilité du promoteur qui sous-traite beaucoup d’études, mais surveille de près la rédaction des conclusions.
• Phase de traitement du dossier d’autorisation unique par les missions régionales de l’Autorité Environnementale également opaque pour le public
• Avis des DREAL pas toujours étudiés et suivis.
• Enquête publique qui constitue uniquement un recueil des observations « techniques » du public sur le projet.
• Réduction de la durée des procédures d’instruction.
• Inaccessibilité de données limitées aux porteurs de projets et à l’administration…

Alors qu’une circulaire du gouvernement du 16 septembre 2022 donne un message peu rassurant sur la bonne prise en compte de la biodiversité en invitant les préfets à :
• accorder les autorisations sans délais dès la réception de cette circulaire,
• limiter les pourvois en cassation contre des autorisations régulièrement délivrées…

Autant de signaux qui laissent présager des jours sombres pour la population de Gypaète barbu en cours de restauration en France.

Les Gypaètes barbus sont certes réputés pour être des oiseaux exclusivement montagnards, qui vivent donc généralement dans des habitats particulièrement isolés mais de plus en plus exposés aux risques éoliens.

En effet, l’aire de présence de l’espèce en France correspond globalement aux territoires de gisements éoliens convoités par les développeurs d’aérogénérateurs…
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Carte des risques éoliens pour les vautours dans le corridor de restauration des populations de Gypaètes barbus entre les Alpes et les Pyrénées.

Avec la restauration de la population de Gypaètes barbus en Europe de l’Ouest, nous constatons quelques vagabondages au nord (nord de la France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et même Danemark) de leur aire de répartition habituelle pendant la phase d’erratisme des jeunes oiseaux. Il est donc à craindre que nous assistions dans les années à venir à une recrudescence des mortalités liées à l’éolien lors des phases d’erratisme des jeunes oiseaux.

Non seulement, il est désormais à craindre que nous soyons amenés à déplorer des mortalités de l’espèce en France au cœur de ses populations (des Alpes aux Pyrénées en passant par le Massif central et le Sud-est de la France cf. illustration précédente) ceci considérant les velléités de développement éolien parfois inconsidérés (projet de moindre qualité environnementale).

Ces prochaines mortalités à craindre concerneront également des oiseaux adultes dont des oiseaux reproducteurs ce qui pourrait précipiter l’espèce dans une nouvelle phase d’extinction et ceci même alors que les populations de l’espèce ne sont pas encore restaurées.
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Roc peu de temps après son premier envol ! © C. Robert

De nombreux acteurs ont investi des ressources importantes pour permettre la naissance puis la libération de Roc en nature dans le cadre des LIFE GYPCONNECT et désormais du LIFE GYP’ACT, dans le but ultime de restauration la métapopulation de l’espèce en reliant ses différents noyaux de populations entre les Alpes et les Pyrénées.