Des enquêteurs français formés en Espagne pour lutter contre la destruction d’espèces protégées

Des enquêteurs français formés en Espagne pour lutter contre la destruction d’espèces protégées

Huelva, Espagne – Juin 2025

Du 10 au 13 juin 2025, une équipe française composée de 8 experts en criminalité environnementale — enquêteurs, médecins légistes et un procureur — a participé à une formation internationale en Andalousie, organisée par la Wildlife Crime Academy (WCA) (voir aussi). Cette session, accueillie à l’Université Internationale d’Andalousie à La Rábida, s’inscrit dans le cadre du projet européen LIFE GYP’ACT, qui œuvre à la protection du gypaète barbu entre Alpes et Pyrénées.

Une réponse concrète à la criminalité environnementale

Face à la persistance de crimes graves contre la faune sauvage — empoisonnements, pièges illégaux, tirs —, cette formation vise à renforcer les compétences techniques, scientifiques et juridiques des professionnels français en matière d’élucidation des atteintes à des espèces protégées. Ces infractions, souvent transfrontalières et complexes, requièrent une approche rigoureuse et pluridisciplinaire, associant enquête policière, expertise médico-légale et action judiciaire.

Durant trois jours intensifs, les participants ont été formés à la gestion de scènes de crime environnemental, à la réalisation de nécropsies médico-légales, à la collecte de preuves toxicologiques et à la conduite d’enquêtes coordonnée. L’objectif : mieux documenter les infractions, augmenter les taux de poursuites, et favoriser une justice plus dissuasive pour les auteurs de ces délits.

Un programme structurant, fondé sur l’expérience européenne

Élaborée en collaboration avec la Fondation pour la Conservation des Vautours (VCF), en partenariat avec la Junta de Andalucía, avec le soutien de la Commission européenne, la Wildlife Crime Academy est un modèle déjà éprouvé en Andalousie, où les cas d’empoisonnement ont été réduits de 90 % en vingt ans. Cette expertise est aujourd’hui partagée à l’échelle européenne, à travers un cycle de formations soutenu par le programme LIFE (2024–2028).

Conçue pour un public interdisciplinaire, la formation rassemble forces de l’ordre, magistrats, vétérinaires et ONG, venus cette année de neuf pays : France, Espagne, Bulgarie, Grèce, Portugal, Chypre, Monténégro, Serbie et Slovénie. Elle constitue un véritable laboratoire de coopération internationale, favorisant les échanges de bonnes pratiques et l’harmonisation des approches.

Un levier pour renforcer la coopération transfrontalière

La participation française à cette session de la Wildlife Crime Academy, soutenue par le programme LIFE GYP’ACT, a constitué bien plus qu’une simple montée en compétence. Parmi les 37 professionnels réunis — en provenance de Bulgarie, Chypre, Grèce, Monténégro, Portugal, Serbie, Slovénie et Espagne —, huit formaient l’équipe française, remarquable par sa composition pluridisciplinaire : policiers, vétérinaires légistes, agents de l’environnement, et un magistrat.

Cette diversité a permis de représenter tous les maillons essentiels d’une enquête sur la criminalité environnementale, de la constatation sur le terrain à l’instruction judiciaire. Ce format a favorisé une approche intégrée et réaliste des cas pratiques abordés pendant la formation.

Au-delà des temps de travail intense, cette session a été un moment fort de cohésion, de partage d’expériences et de création de liens durables entre professionnels venus de contextes institutionnels variés. Les échanges informels, les travaux en groupes mixtes et les discussions autour des contraintes spécifiques de chacun — qu’il s’agisse de terrain, de droit, ou de protocoles — ont largement contribué à enrichir les contenus et à renforcer la dynamique de coopération européenne.

Grâce à cette immersion collaborative, les experts français ont non seulement acquis de nouvelles compétences, mais ont aussi pu contribuer activement aux discussions, en apportant une lecture complète et concrète des réalités opérationnelles en France, renforçant ainsi les synergies transfrontalières à venir.

Enfin, l’ensemble des participants ont validé ce premier niveau de formation, sanctionné par la remise d’une attestation officielle. La cérémonie s’est tenue dans un lieu chargé d’histoire et de symbolique : le Palacio del Acebrón, ancienne résidence royale, situé au cœur du Parc National de Doñana, l’un des joyaux naturels de l’Europe.

Pour en savoir plus : https://4vultures.org/blog/wildlife-crime-academy-strengthens-regional-enforcement-with-the-latest-training-of-the-third-cohort/