Moins de poussins, mais toujours plus d’engagement

Photo. Olivier Teilhard

Moins de poussins, mais toujours plus d’engagement

Saison 2025 de réintroduction du gypaète barbu : un bilan en demi-teinte

L’équipe de projet se mobilise pour la nouvelle saison de réintroduction du gypaète barbu. Après cinq années consécutives marquées par l’atteinte de nos objectifs de libération – entre 6 et 10 poussins libérés chaque année – 2025 s’annonce comme une année plus difficile. Seuls 5 jeunes gypaètes seront réintroduits cette saison, en dessous de notre seuil minimal habituel.

Ces cinq poussins proviennent de Finlande, d’Allemagne, de République tchèque, d’Andalousie et de France.

Tornade, jeune femelle Gypaète lâchée le 13 mai 2024 dans les Grands Causses
Tornade, jeune femelle Gypaète lâchée le 13 mai 2024 dans les Grands Causses

Initialement, six poussins étaient attendus (contre huit en 2024), mais l’un d’entre eux, souffrant d’un grave handicap visuel, a été victime d’une chute fatale. Il a malheureusement dû être euthanasié.

Une saison de reproduction en captivité compliquée

La campagne de reproduction en captivité a connu de nombreuses difficultés cette année. Bien que les premières éclosions aient été précoces – dès le 28 janvier – la suite de la saison a été marquée par une série de complications : pertes de poussins et taux élevé d’infertilité. Environ 40 % des œufs produits dans l’ensemble du réseau européen de reproduction en captivité (European Endangered Species Programme – EEP) se sont révélés infertiles.

Même les centres d’élevage les plus performants ont été impactés. Certains des couples historiquement les plus productifs n’ont pondu qu’un seul œuf cette année, influençant ensuite les opérations de renforcement des populations des territoires du Life GYP’ACT et ailleurs.

Equipement GPS d’un poussin avant son placement sur l’aire de libération – 2024

Des perspectives toujours encourageantes

Malgré ce contexte plus difficile, l’engagement des équipes reste intact, et chaque poussin libéré représente une avancée précieuse pour la conservation de cette espèce emblématique de nos montagnes. Nous travaillons avec du vivant, et ces résultats, parfois imprévisibles, nous rappellent que seuls les oiseaux décident, en fin de compte, du succès d’une saison de reproduction.

Le travail remarquable mené par le réseau EEP, qui regroupe des dizaines de structures partenaires à travers l’Europe, demeure essentiel. Grâce à la coordination rigoureuse, au partage d’expertise et aux soins attentifs apportés aux couples reproducteurs, il est possible, année après année, de renforcer les populations de gypaètes barbus dans la nature. Si cette saison est en demi-teinte, elle ne remet pas en cause les progrès accomplis depuis le lancement du programme : plus de 420 poussins ont déjà été libérés en Europe depuis les années 1980.

Plus que jamais, ces résultats nous encouragent à poursuivre nos efforts et à renforcer la résilience de ce programme à long terme. La route est encore longue, mais chaque envol compte.

*Photo de présentation de l’article: Jeune Gypaète barbu nommé « Croé » (2023), dans le Vercors, en compagnie d’un Vautour fauve. Photo. Olivier Teilhard