Les actions du projet
Former de nouveaux noyaux de population
Il s’agit de l’action phare du projet qui intervient dans la continuité du LIFE GYPCONNECT. Le LIFE GYPCONNECT a permis la réintroduction de 46 Gypaètes barbus. Il convient de poursuivre les efforts afin d’augmenter les effectifs de l’espèce, seule garantie pour lutter contre le risque de régression de la population de l’espèce réintroduite dans le cadre du LIFE GYPCONNECT et ceci en assurant un rythme d’accroissement annuel suffisant pour compenser les pertes annuelles éventuelles d’individus.
Cette action intervient à la lumière des études réalisées dans le cadre du LIFE GYPCONNECT. Ces études donnent toutes des projections favorables quant au devenir de ses dernières populations réintroduites dans le cadre du Life Gypconnect dès lors que les réintroductions soient poursuivies. En revanche, elles soulignent que les scénarios sans lâcher et/ou sans dispersion aboutiraient à des probabilités d’extinction notable, avec différents effets prévisibles qui reposent sur la dégradation des paramètres démographiques de survie, de reproduction et de dispersion. Ainsi l’objectif, de cette action est de garantir la pérennité des processus démographiques afin d’assurer la viabilité de la population de Gypaètes barbus en cours de restauration. L’objectif du programme LIFE GYP’ACT est de restaurer le fonctionnement de la métapopulation de Gypaètes barbus en Europe et plus particulièrement dans le sud de la France entre les Alpes et les Pyrénées en passant par les Préalpes et le Massif central. La restauration de noyaux de population viables dans les Préalpes et le Massif central permettra le développement de connexions démographiques et génétiques globalement entre les Alpes et les Pyrénées via des processus de dispersion dits en « pas japonais » s’appuyant sur les noyaux nouvellement formés. La restauration de cette métapopulation requiert donc la création de noyaux viables à long terme dans les Préalpes et dans le sud du Massif central.
Réduire les mortalités par les infrastructures énergétiques
Durant le LIFE GYPCONNECT, la mort de 5 Gypaètes barbus par électrocution et électrisation a été déplorée dans les Grands Causses, le Vercors et en Italie (PN du Grand Paradis). Les gypaètes sont également sensibles au risque de percussion avec les câbles électriques qui dépend de la visibilité des câbles pour les oiseaux, de la capacité des oiseaux à les éviter et des paramètres aérologiques.
Dans l’ensemble de l’Europe, les mortalités de Gypaètes barbus sur le réseau de câbles représentent 18 % de tous les cas de mortalité enregistrés. Le Gypaète barbu est sur la liste européenne des espèces prioritaires pour les risques liés au réseau électrique. Il est classé en Risque d’électrocution Niveau III et Risque de percussion Niveau II. C’est donc une menace majeure pour sa survie. Dans le cadre du LIFE GYPCONNECT plus de 12 km de linéaires du réseau électrique ont été sécurisés et neutralisés. Le LIFE GYP’ACT prévoit de poursuivre les opérations de sécurisation et neutralisation du réseau électrique afin de limiter et supprimer les menaces du réseau électrique.
Par ailleurs, sans une planification prudente des projets éoliens et un contrôle rigoureux des parcs en fonctionnement, le développement et l’étalement des parcs éoliens pourraient avoir un impact conséquent sur les noyaux de population de Gypaète barbu en cours de restauration. Le Gypaète barbu est une espèce longévive caractérisée par une faible fécondité, un âge de reproduction tardif et des populations à faible effectif. Toute perte d’individus peut donc avoir des conséquences dramatiques sur la dynamique de ses populations en cours de restauration. Ceci est d’autant plus important lorsqu’on considère que les adultes et subadultes passent respectivement 55 % et 66 % de leur temps à des altitudes de vol les exposant à des risques de collision avec les pâles des éoliennes. En France, ce risque constitue une menace potentielle car à ce jour aucune mortalité de Gypaète barbu n’a été constatée sur des installations éoliennes. En revanche, un Gypaète barbu libéré, le 28 mai 2020 dans les Baronnies (Drôme) dans le cadre du LIFE GYPCONNECT, est mort happé, le 26 mai 2021, par les pâles d’une éolienne au Pays Bas (village Wieringerwerf sur la commune de Hollands Kroon). Bien qu’il s’agisse de la première mortalité recensée de Gypaète barbu en Europe, il convient de ne pas mésestimer cet évènement.
Aussi dans le cadre du LIFE GYP’ACT, l’équipe de projet prévoit des actions pour prévenir et limiter les risques par une surveillance active des risques et un suivi rigoureux du cadre d’instruction et d’exploitation respectivement des projets et des parcs existants.
L’objectif est de supprimer et réduire les risques de mortalité par les infrastructures énergétiques.
Lutter contre les destructions intentionnelles et les intoxications
Bien que les épisodes de destruction de la faune sauvage aient atteint leur apogée en Europe à la fin du 19ème siècle début du 20ème siècle, ce problème reste d’actualité. Le Gypaète barbu est toujours victime de tir, d’empoisonnement et d’exposition à des toxiques à la suite de contaminations environnementales (pesticides, métaux lourds : plomb, etc.).
L’objectif de cette action est de supprimer et réduire ces menaces notamment par la mise en œuvre du plan de prévention et de lutte spécifique.
Diminuer les dérangements et assurer le sauvetage des oiseaux en détresse
Le Gypaète barbu évolue sur des territoires exposés à de nombreuses activités. Les Gypaètes barbus peuvent se montrer très sensibles aux dérangements visuels et sonores induits par ces activités même à des distances importantes des nids.
Le cantonnement de couples et/ou le succès reproducteur des Gypaètes barbus sont étroitement corrélés à la fréquence des activités humaines pratiquées à proximité de leur territoire toute l’année. L’objectif principal de l’action est de prévenir et limiter les perturbations d’origine anthropique.
De plus, les Gypaètes barbus peuvent être victimes d’accidents ou de pathologies. En effet, il arrive occasionnellement que des oiseaux soient découverts blessés ou en état de faiblesse. L’action prévoit également d’assurer la prise en charge et le sauvetage des oiseaux.
Sécuriser et améliorer l’accès à la ressource alimentaire
Le régime alimentaire du Gypaète barbu est composé d’environ 80 % d’os, issus tant de la faune domestique que de la faune sauvage ; la faune sauvage semble jouer un rôle prépondérant. Dans l’aire de présence de l’espèce les évaluations conduites dans le passé montrent une hétérogénéité spatio-temporelle, quantitative et qualitative, de ces ressources.
L’amélioration de l’état de conservation de l’espèce, son expansion spatiale et l’amélioration des échanges d’individus entre les trois massifs (Alpes, Massif central et Pyrénées) passent donc impérativement par une plus grande disponibilité et accessibilité aux ressources trophiques. Dans ce contexte, la politique d’équarrissage naturel appliquée notamment dans le cadre du LIFE GYPCONNECT doit être poursuivie et consolidée tant elle a des répercussions sur les objectifs du LIFE d’améliorer la condition des oiseaux réintroduits et d’augmenter l’attractivité des territoires.
Ainsi cette action s’inscrit à la fois dans l’objectif « Préserver, améliorer, restaurer les habitats » et dans l’objectif « Etendre l’aire de répartition de l’espèce et faciliter les échanges d’individus entre les noyaux de population ».
Assurer une meilleure acceptation des vautours par les acteurs des territoires
Cette action est essentielle pour permettre une communication adéquate sur le programme LIFE GYP’ACT, ses enjeux et ses objectifs. Elle est nécessaire à une bonne valorisation du programme, pour assurer une meilleure exploitation des résultats (transférabilité des acquis), la durabilité des actions et pour s’assurer l’adhésion d’un plus grand nombre d’acteurs à tous les échelons (local, national, européen,). Cette adhésion des acteurs et leur appropriation du programme constituent un élément essentiel pour en garantir le succès du LIFE. Cette action doit également permettre de mieux prendre en compte les différents publics du programme et s’assurer de la pertinence des messages et des moyens à mobiliser.
Monitoring et évaluation
Le suivi scientifique et l’évaluation des résultats des actions engagées dans le cadre du LIFE GYP’ACT constituent un domaine d’activité fondamental pour garantir l’atteinte des résultats de restauration des noyaux de population de Gypaètes barbus. L’évaluation périodique des activités du LIFE et des indicateurs de suivi sont essentiels pour informer les opérateurs du projet sur l’efficacité des mesures de restauration et de protection en vigueur et de la gestion pratiquée.
Ainsi les objectifs de l’action sont de disposer des informations, connaissances essentielles (procédures de collecte de données suivies des phases d’évaluation et de réitération) pour appuyer, conforter et ou réorienter les actions du LIFE dans une approche de gestion adaptative (élucidation minutieuse des objectifs, identification de scénarios de gestion alternatifs et des hypothèses de causalité).