Des nouvelles de Cazals, lâchée en mai 2015 dans les Grands Causses (Aveyron)

Après 2 sauvetages successifs, l’oiseau se porte bien et sera relâché cet été.

Cazals, jeune femelle Gypaète barbu originaire du Zoo de Liberec (République-Tchèque) et lâchée le 18 mai 2015 dans les Grands Causses (Aveyron) a fait l’objet de deux sauvetages successifs depuis décembre 2015.

Durant les six mois qui suivirent son envol (15 juin 2015), son évolution et ses déplacements se déroulèrent sans encombre. L’oiseau prospecta le sud du Massif central de plus en plus loin jusqu’à l’hiver (déplacements jusqu’au Puy-en-Velay, Carcassonne...).

Figure 1 : Carte des déplacements de Cazals au 5 novembre 2015
Figure 1 : Carte des déplacements de Cazals au 5 novembre 2015
Crédits : SWILD / LPO Grands Causses

À partir du 18 décembre 2015, les déplacements de Cazals inquiétèrent l’équipe de la LPO Grands Causses (LPO GC). En effet, elle semblait stationner sur une zone très réduite et se déplacer de quelques dizaines de mètres seulement, par petits vols ou au sol.

Figure 2 : Ravin où fut retrouvée Cazals, décembre 2015
Figure 2 : Ravin où fut retrouvée Cazals, décembre 2015
Crédits : Thierry David / LPO Grands Causses

Le 24/12, après deux jours de recherches et grâce à son émetteur GPS-VHF, elle fut retrouvée posée dans un ravin (commune de Rivière-sur-Tarn) (Figure 2). L’oiseau se trouvait en pied de falaise, au milieu d’une végétation dense, le plumage trempé et affaiblie.

Figure 3 : Examens vétérinaires réalisés sur Cazals, décembre 2015
Figure 3 : Examens vétérinaires réalisés sur Cazals, décembre 2015
Crédits : Morgane Savigneau / LPO Grands Causses

Elle fut immédiatement acheminée à l’Hôpital pour la Faune Sauvage Garrigue-Cévennes et prise en charge par le Dr Marie-Pierre PUECH afin que des soins et des examens soient réalisés (radiographies, frottis, analyses toxicologiques, etc.). Les résultats des analyses se sont heureusement tous avérés négatifs.
Une perte de poids, un plumage avec un très grand nombre de parasite externes, une petite zone déplumée au niveau du patagium (poignet) gauche, ainsi qu’une rectrice sectionnée ont été constatées. Rien d’alarmant mais l’oiseau fut gardé près d’un mois en volière afin d’être remis en forme et en état de voler.

La cause de la détresse de Cazals est inconnue mais plusieurs hypothèses sont envisagées. En effet, le Dr. Marie-Pierre PUECH et le Dr. Alex LLOPIS DELL, de la Vulture Conservation Foundation (VCF) concluent que Cazals, posée dans ce ravin, très affaiblie du fait d’un manque de nourriture combiné à de mauvaises conditions aérologiques, a subi un affaiblissement passager qui l’empêcha de reprendre son envol. Il est possible qu’une interaction avec le couple d’Aigle royal nichant à proximité ait conduit Cazals, encore inexpérimentée, à se poser en pleine végétation.

Figure 4 : Cazals en volière, janvier 2016
Figure 4 : Cazals en volière, janvier 2016
Crédits : Thierry David / LPO Grands Causses

Le 25 janvier 2016, Cazals ayant repris du poids et ne présentant aucun souci physiologique, Cazals elle fut relâchée dans les gorges de la Jonte.

Suivie de près par les salariés et bénévoles de la LPO GC, elle prit très rapidement de l’altitude dès son envol et partit en vol battu vers l’amont des gorges de la Jonte. À la fin de la journée, elle fut localisée au milieu du causse Méjean, posée sur des rochers.

Figure 5 : Cazals avant son envol, lors de son relâcher, janvier 2016
Figure 5 : Cazals avant son envol, lors de son relâcher, janvier 2016
Crédits : Charlotte Bresson / LPO Grands Causses

Durant les jours suivants, elle fut observée à plusieurs reprises sur le causse, en vol ou posée. A partir du 28 janvier, l’oiseau changea de secteur mais il ne fut plus observé et, sa balise GPS ne transmettant plus de données (sans doute à cause de la charge insuffisante de la batterie, l’oiseau étant resté posé un long moment), il ne put être localisé.
Ce n’est que le 31 janvier au soir que son émetteur GPS indiqua cette fois que Cazals se trouvait à proximité d’Alès, dans le Gard.
L’oiseau semblait au sol depuis la veille. Alertée, l’équipe LPO GC entreprit des recherches sur le terrain dès le lendemain matin. À l’aide d’un récepteur VHF, Cazals fut repérée sur un atterrissement de graviers et de sable, au milieu du lit du Gardon. Elle put être approchée et capturée sans difficulté.

Figure 6 : Cazals posée sur un atterrissement à proximité d'Alès, février 2016
Figure 6 : Cazals posée sur un atterrissement à proximité d’Alès, février 2016
Crédits : Thierry David / LPO Grands Causses

L’oiseau fut placé dès le lendemain en volière. De nouveaux examens vétérinaires et analyses sont venus confirmer que Cazals ne souffrait d’aucune pathologique, mais qu’elle avait de nouveau perdu près d’1 kg en une semaine !
Cazals se trouve actuellement en volière, en attendant de retrouver sa liberté.

Les vétérinaires, la VCF et la LPO GC ont pris la décision commune de la relâcher durant l’été 2016, pour plusieurs raisons ; ce délai permet à Cazals de reprendre du poids, les conditions météorologiques seront plus favorables pour l’oiseau, mais aussi deux jeunes congénères seront présents en Lozère (deux jeunes lâchés en mai 2016) et enfin, les surveillants sur place seront nombreux pour veiller organiser un suivi très attentif.

Tous espèrent que ce relâcher connaîtra une issue favorable et que Cazals pourra cette fois retrouver sa liberté sans encombres.
À suivre...

Partager :