Mort de Rei del Causse : une fin tragique pour un gypaète au destin hors du commun
C’est avec une profonde tristesse que la LPO et le Parc national des Cévennes annoncent la mort de Rei del Causse, un jeune gypaète barbu devenu emblématique par ses voyages à travers l’Europe.
Le 20 janvier 2025, le corps sans vie de ce mâle immature de troisième année a été découvert en Lozère. C’est grâce aux données transmises par sa balise GPS que son inactivité inhabituelle a été détectée, déclenchant immédiatement une série d’investigations. Malgré la mobilisation rapide des équipes, les causes précises de son décès restent à ce jour indéterminées.

Une enquête vétérinaire minutieuse
Des examens approfondis ont été réalisés pour comprendre les circonstances entourant sa mort : radiographies, nécropsie, analyses toxicologiques, histologiques et virologiques.
- Aucun plomb de chasse n’a été retrouvé.
- Les analyses toxicologiques et virologiques se sont révélées négatives.
- L’oiseau présentait une bonne condition physique : muscles bien développés, présence de graisse, …
- Une hémorragie interne sous-sternale a été détectée, possiblement consécutive à une chute, sans cause clairement identifiée.
- Des lésions hépatiques bénignes ont été observées, fréquentes chez les oiseaux, mais non responsables de la mort.
Malgré ces efforts, aucune origine précise à la chute ou à l’hémorragie n’a pu être identifiée. Le mystère reste entier.
Un parcours marqué par l’audace et la résilience
Né en Haute-Savoie au centre d’élevage d’Asters, Rei del Causse avait été lâché en mai 2022 dans les Grands Causses dans le cadre du programme LIFE GYP’ACT. Très tôt, il s’est révélé être un explorateur infatigable.
En juin 2023, il entame un long voyage vers le Nord de l’Europe, atteignant la presqu’île de Rügen en Allemagne. Épuisé, il est sauvé par l’association allemande TIERRETTUNG et rapatrié en France, où il retrouve des forces au centre de soins de la LPO PACA avant d’être relâché en juillet.
À peine remis, Rei reprend la route : Belgique, Allemagne, puis la Pologne. C’est à Poznan qu’il fait parler de lui, faisant une halte sur les rebords de la fenêtre d’un immeuble urbain. De nouveau en difficulté, il est recueilli au zoo de la ville puis réintroduit une nouvelle fois dans les Grands Causses à l’été 2024.
Une disparition qui laisse un vide
Depuis son retour en France, Rei semblait bien réadapté à la vie sauvage, circulant entre les gorges du Tarn, de la Jonte et la vallée du Tarnon. Sa mort, survenue quelques mois seulement après son dernier relâcher, suscite une vive émotion chez les acteurs de la conservation.
« C’est une grande perte. Mais c’est aussi une histoire qui témoigne de la force de la collaboration européenne en faveur de la biodiversité. Rei a mobilisé des équipes à travers tout le continent, et son souvenir continuera d’inspirer notre engagement. »
Même si la cause exacte de son décès demeure inconnue, l’absence de traces de malveillance ou d’intoxication constitue un certain soulagement. Le sort de Rei rappelle cependant la fragilité de ces grands planeurs, et l’importance de poursuivre les efforts de réintroduction et de suivi.
Un symbole de liberté
Rei del Causse n’aura vécu que trois années, mais son histoire marquera durablement celles et ceux qui ont croisé sa route. Il restera le symbole d’un oiseau libre, curieux, résilient — et d’un espoir pour la réintroduction des gypaètes dans nos montagnes.
